Londres, 6 août 2025 – par Aina A. | Gate Of Africa Magazine
C’est un basculement discret, mais lourd de symboles. Ce jeudi, les autorités britanniques ont confirmé les premières arrestations de migrants en vue de leur expulsion vers la France. Une décision rendue possible par l’accord controversé signé récemment entre Paris et Londres, qui prévoit le renvoi systématique des exilés arrivés au Royaume-Uni sans demande d’asile valide.
Une fois de plus, ce sont des hommes, des femmes, souvent originaires d’Afrique, qui se retrouvent au centre d’un bras de fer diplomatique entre puissances européennes.
Un accord de façade, des vies en suspens
L’accord franco-britannique entré en vigueur mercredi ne s’embarrasse pas de subtilités. Il organise un va-et-vient bureaucratique des êtres humains : ceux qui n’ont pas les bons papiers, pas les bons récits, pas les bons visages. En contrepartie, Londres s’engage à financer davantage le contrôle des frontières françaises.
Mais derrière les chiffres, il y a des vies. Des récits de guerre, de faim, de sécheresse. Des jeunes qui ont traversé le Sahel à pied, qui ont frôlé la mort en Libye, qui ont tout risqué sur un canot de fortune, pour être aujourd’hui reconduits à une autre frontière, un autre refus.
Londres ferme la porte, Paris détourne le regard
Le gouvernement britannique parle d’une « politique ferme mais juste », censée dissuader les réseaux de passeurs. Mais sur le terrain, les ONG parlent d’une stratégie de déshumanisation. Les centres de rétention se remplissent, les associations alertent sur les conditions de détention, et l’opinion publique se divise.
En France, certains dénoncent la complaisance de Paris. D’autres pointent du doigt l’impréparation des collectivités locales, déjà débordées par la gestion de l’accueil.
L’Afrique, toujours absente des négociations
Ironie amère : les principaux concernés, souvent originaires du continent africain, n’ont pas voix au chapitre. Aucun représentant de pays africains à la table des négociations, aucun plan d’appui pour les familles restées au pays, aucun mot sur les causes profondes de ces départs.
Climat, pauvreté, conflits armés, répression politique : l’Europe choisit de regarder ailleurs, préférant investir dans des murs plutôt que dans des solutions durables.
Ce que cache cet accord
Ce n’est pas simplement un accord de coopération : c’est un test moral. Comment parler de solidarité européenne quand les frontières deviennent des pièges ? Quand les mots « asile » et « dignité » sont vidés de leur sens ? Peut-on encore défendre les droits humains sans remettre en question ces logiques de tri humain ?
Réagissez avec nous :
- Quelle voix pour l’Afrique dans les débats sur l’exil ?
- Faut-il repenser les accords migratoires en intégrant les réalités du Sud ?
- L’Europe peut-elle continuer à parler de démocratie en refoulant ceux qui fuient l’enfer ?
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