Conakry, 22 mai 2025.
C’est désormais officiel : Aliou Bah, figure de proue de l’opposition guinéenne et président du Mouvement démocratique libéral (MoDeL), passera deux ans derrière les barreaux. La cour d’appel de Conakry a confirmé ce mardi la condamnation en première instance pour « offense et diffamation envers le président de la transition », le colonel Mamadi Doumbouya.
Une décision qui sonne comme un coup de tonnerre dans un paysage politique guinéen déjà asphyxié par la répression et les intimidations.
🗣️ Un opposant à la parole libre, un régime à la peau dure
Aliou Bah n’est pas un inconnu du public guinéen. Connu pour son franc-parler, son calme stratégique et sa vision républicaine, il s’était affirmé comme l’un des rares à ne pas fléchir face aux militaires depuis la prise du pouvoir par le CNRD en 2021.
Ses critiques, tranchantes mais toujours argumentées, visaient le manque de clarté du processus de transition, le recul des libertés et la dérive autoritaire du colonel-président.
🗨️ « La Guinée n’a pas chassé Alpha Condé pour sombrer dans une dictature kaki », déclarait-il récemment sur les réseaux sociaux.
Des propos que la justice guinéenne n’a pas laissé passer.
⚖️ Une justice sous tension, un verdict sous pression
Le procès a été rapide, tendu et opaque. En première instance, Aliou Bah avait été condamné à deux ans de prison ferme — une peine confirmée sans ménagement en appel. Pour ses avocats, le procès n’a pas respecté les standards internationaux, notamment en matière de liberté d’expression.
🎙️ Maître Saran Baldé : « Ce verdict est politique. Mon client est condamné pour avoir exprimé une opinion, pas pour avoir menti. »
🔍 Un climat délétère pour les opposants
Ce jugement survient dans un contexte marqué par la crispation croissante du régime. Plusieurs figures de la société civile et de l’opposition — Oumar Sylla, Foniké Menguè, Ibrahima Diallo — ont également été arrêtés ou inquiétés ces derniers mois.
Les manifestations sont systématiquement interdites, les médias muselés, et la Constitution suspendue.
Le régime de Doumbouya, qui avait promis une rupture avec les méthodes de ses prédécesseurs, semble désormais reproduire les mêmes schémas autoritaires.
🧠 Entre transition et trahison
Qu’est devenue cette transition « refondatrice » promise en fanfare en septembre 2021, lorsque les putschistes avaient renversé Alpha Condé ? Trois ans plus tard, aucune élection n’a eu lieu, le chronogramme reste flou, et la répression est devenue la norme.
Pour de nombreux Guinéens, la transition ressemble de plus en plus à une confiscation du pouvoir.
📢 Un manifestant interrogé à Hamdallaye :
« Aliou Bah est condamné, mais c’est notre démocratie qui est enfermée. »
🌍 Et la communauté internationale ?
Silence assourdissant.
Si l’Union africaine et la CEDEAO ont exprimé « leur préoccupation », aucune sanction ni mise en garde réelle n’a suivi. La junte, solide sur ses bottes et forte de ses alliances régionales, avance sans contre-pouvoir.
L’espace civique en Guinée se réduit à vue d’œil, et chaque condamnation d’opposant semble envoyer un message clair : « Taisez-vous ou payez le prix. »
📌 Conclusion : un symbole politique derrière les barreaux
Avec la condamnation d’Aliou Bah, c’est bien plus qu’un homme qu’on veut faire taire. C’est une vision, un idéal républicain, une parole libre dans un pays qui en manque cruellement.
Mais l’histoire l’a souvent montré : plus on emprisonne les idées, plus elles grandissent.
Et en Guinée, la soif de démocratie est loin d’être étanchée.
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